Candice, alternante RH : “Mon handicap a été vu comme une force”

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Atteinte d’une maladie génétique, la Charcot-Marie-Thooth, Candice Legal va te surprendre et te donner des ailes avec son témoignage ! A 24 ans, en bachelor Responsable des Ressources Humaines et Paie à l’Institut Technologique et Commercial de Quimper, elle effectue cette année son alternance chez Piriou.

Bonjour Candice, tu es alternante en Ressources Humaines chez Piriou, qu'est-ce qui te plaît dans ce métier ?

“J’aime tout ! J’ai la chance de travailler sur la partie gestion du personnel, le recrutement, la formation, les stages, la paye… je suis sur toutes les missions d’assistante RH. C’est un plus de mener des tâches variées pendant son alternance. Il n’y a pas de routine, pas de journée-type.”

Comment se déroule ton alternance aujourd’hui ?​

“J’ai un rythme de 4 jours en entreprise et 1 journée d’école par semaine. C’est sympa car ça permet de garder une régularité. Sinon je me connais, je peux vite mettre un dossier de côté ! 

J’aime en particulier la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) car c’est très complet, et mon sujet de mémoire est « comment évaluer les compétences de nos propres collaborateurs ?” Je me suis posé la question de le faire sur le travail en situation de handicap, mais le temps passe très vite en alternance, il faut réussir à jongler. Ça aurait été trop juste pour aborder un tel sujet.”

Et à l’école ?

“J’ai eu les cours en distanciel d’octobre 2020 à janvier 2021, c’est assez compliqué. On est content d’être revenu en présentiel ! On est 30 dans la classe et on ne se connaît pas à cause de la crise sanitaire, du coup on n’a pas créé d’affinité particulière… La moyenne d’âge est de 18-20 ans en général, il n’y a qu’un garçon et nous sommes une dizaine à avoir plus de 25 ans, dont 5 en reconversion.”

Peux-tu nous parler de ton handicap ?

“Depuis l’âge de 8/9 ans, je souffre d’une maladie qui atteint le nerf périphérique et entraîne en général une faiblesse au niveau des mains et des pieds. Moi, j’ai été atteinte par les hanches. À partir de 7 ans, je tombais tout le temps, mais je n’avais pas de douleurs, alors tant qu’on ne sait pas, on croit qu’il n’y a rien. Les examens médicaux ont montré que j’avais les deux hanches luxées, j’ai été opérée en urgence. La première d’une longue série, dix au total. La dernière date d’ailleurs de juillet 2020, juste avant de repartir en bachelor RRHP. »

En quoi a-t-il entraîné des difficultés dans ton travail ?

“Lors de mes recherches pour l’alternance du Bachelor, c’était surtout l’interdiction de conduire et l’impossibilité de me déplacer aux entretiens qui étaient problématiques. Le regard des recruteurs, parfois, aussi. On le sait tout de suite quand le handicap est un frein. Il n’y a que chez Piriou que je n’ai pas senti ce regard quand ils m’ont vu arriver avec une boiterie. Aujourd’hui, je n’ai plus aucune contrainte par rapport à mon handicap.”

As-tu toujours voulu faire ce métier ?

“Oui, déjà lors de mon BTS, je voulais continuer en Bachelor RRHP, je suis arrivée sur Quimper pour faire ma licence mais malheureusement je n’ai pas obtenu mon BTS et j’ai arrêté les études en 2018. Puis je l’ai repassé avec succès en candidate libre en 2019. En parallèle, j’ai été embauchée chez un courtier en assurances pendant un an, lors de cette année de transition avant de repasser mon BTS, puis j’ai travaillé pour une concession automobile. Mais il me manquait la part de relationnel et d’humain que j’aime tant. En parallèle, j’aidais beaucoup les copines à refaire leurs CV et lettres de motivation… Elles m’ont encouragé à réfléchir aux ressources humaines et puis un jour, sur un coup de tête, en une demi-heure, j’ai décidé de reprendre mes études ! Il faut dire que le confinement y est pour beaucoup, j’avais pris le temps d’y réfléchir sans m’en rendre compte… En tout cas, ce n’est pas évident de repartir dans les études après avoir commencé dans la vie active. C’est un changement financier qu’il faut pouvoir assumer. »

Quel serait le job de tes rêves dans quelques années ?

“J’espère pouvoir rester chez Piriou, je viens d’une famille de marins et de constructeurs de bateaux. Mon père était mécanicien naval, mes arrière-grands-parents maternels constructeurs de voiliers en bois. Le domaine n’est pas méconnu de mes ancêtres ! C’est un honneur de travailler dans une entreprise que je porte dans le cœur.”

Quel est ton principal conseil pour les jeunes et les parents qui te lisent ?

  • D’abord, l’alternance, c’est sûr, est un vrai atout en entretien ! Une opportunité de rentrer dans le monde du travail qui te permet de te projeter dans le métier, mieux qu’en stage. Si tu en as envie, fonce !
  • Ensuite, il faut oser changer si l’on n’a pas pris la bonne voie. Quand j’ai quitté mon deuxième travail, je savais que je prenais un risque en pleine crise sanitaire. J’ai fini par trouver. Il faut aussi savoir être patient car ce n’est pas dès le premier entretien que ça marche.
  • Enfin, le handicap n’est pas un frein à l’alternance, et même en fauteuil roulant les postes peuvent être adaptés. Pendant plusieurs années je me suis dit « Qu’est-ce que je vais devenir professionnellement », aujourd’hui, je suis en Bachelor. Mon frère en est aussi la preuve : né prématuré, il a fait un AVC à la naissance et a commencé à marcher à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il a un bachelor commercial banque et assurance et travaille à la banque postale à Nantes.”

« Quand on veut, on peut ! » Gardez cette phrase en tête !

Un petit mot pour la fin ?

“Je crois beaucoup en ma bonne étoile, aux bonnes rencontres. Une seule personne peut faire bouger beaucoup de choses. Il faut apprendre à faire confiance. Pour ma part, j’ai eu l’opportunité d’être accompagnée tout au long de mes différents parcours scolaires, personnels, professionnels.

Je fais également partie de l’association “Osons l’égalité” basée à Saint-Brieuc et qui ont également des bureaux sur Brest, ils m’ont beaucoup aidée à trouver ma voie.

Entourez-vous des bonnes personnes.”